Il n’est jamais aisé de juger sur la mine
Nous ne choisissons pas, on est choisi par eux
Qui se font une tête d’imbécile heureux
Et nous donnent le change en mettant la sourdine
Toujours là, toujours prêts, disponibles et serviables
Nageant comme un poisson dans la compromission
Un sourire accroché à cet air voulu con
Qui cache adroitement un autre air implacable
Mon ami, mon Judas
Joue le jeu ne te gêne pas
Courtise-moi, fais des courbettes
Jure que tu es mon ami
Dévoué, sincère et honnête
Que c’est à la mort, à la vie
Fais-toi tout humble et tout sourire
Dis-moi que j’ai un charme fou
Que j’ai de la classe et du goût
Et passe la brosse à reluire
Ça ne te coûte pas un sou
Nous facilitant tout, nous évitant les drames
Ils sont pour nous aider prêts à n’importe quoi
Même complaisamment à nous border parfois
S’ils nous trouvent au lit coucher avec leur femme
Prêts à veiller la nuit, prêts à danser la gigue
Pour mieux nous amuser, prêts à se mettre nus
Acceptant s’il le faut le coup de pied au cul
Se baissant gentiment pour pas qu’on se fatigue
Mon ami, mon Judas
Prends le physique de l’emploi
Flatte-moi de mon élégance
Dis-moi que je suis bon et beau
D’une étonnante intelligence
Que je choisi bien mon bordeaux
Mange mon caviar à la louche
Fume mes havanes au kilo
Et tapi derrière mon dos
Pense aux ristournes que tu touches
Et au prix de l’or en lingot
Mon ami, mon Judas
Dans l’ombre joue avec ta proie
Tire adroitement les ficelles
Tu n’es pas bouffon tu es roi
Je ne suis que polichinelle, moi,
Doux rêveur et tête de bois
Cher profiteur et parasite
Lorsque mon temps sera passé
Le citron mille fois pressé
Vends-moi, trahis-moi au plus vite
Et va-t-en compter tes deniers
Mon ami, mon Judas
Fais ton métier, crucifie moi