Quelque part dans la ville
Il y a un endroit
Qui ressemble à une île
Où la nuit fait sa loi
On y traîne son spleen
À l’envers des décors
Dans la folie divine
Des Chants de Maldoror
C’est là que je pose ma croix
Accoudé au comptoir
Du bar “Le Zanzibar”
Et comme un escargot
Mon passé sur le dos
Je largue les amarres
Je pars pour Zanzibar
Je pars au Zanzibar
Je pars pour Zanzibar
On se retrouve entre amis
Entre paumés de la vie
Complicité d’un soir
Chacun trouve son miroir
Au bar “Le Zanzibar”
Entre l’ombre et la proie
Les chasseurs restent cois
Chacun attend que Godot
Lui ramène le gros lot
Zanzibar, Zanzibar
J’sais même pas où ça se trouve, moi, Zanzibar
Au fond, je m’en fous comme du tiers et du quart
Au bar “Le Zanzibar”
Y a quelques Cendrillon
Qui recousent leurs haillons
Qui attendent leur carrosse
Loin de leurs cauchemars de gosses
Des artistes de toutes sortes
Le regard sur la porte
Qui attendent le talent
Ou l’improbable agent
Des peintres à court d’idées
Qui ont tout inventé
Des leaders sans la lutte
Des ténors sans le contre ut
Des Rimbaud sans Verlaine
Des Stone sans leur Charden
Et des metteurs en scène
Qui refont la Bête Humaine
Au bar “Le Zanzibar”
Des nobles encanaillés
Qui redorent leur pedigree
Et des rois sans couronne
Qui veulent fausser la donne
Au bar “Le Zanzibar”
Des loosers magnifiques
Qui régalent toute la clique
Des Crésus en goguette
Qui pleurent pour une soubrette
Zanzibar, Zanzibar
J’sais même pas où ça se trouve, moi, Zanzibar
Au fond, je m’en fous comme du tiers et du quart
Au bar “Le Zanzibar”
Des menteurs résignés
Retrouvent leur vérité
Des magiciens ringards
Se perdent dans leurs foulards
On traîne sa solitude
Comme un chien fatigué
Et quand elle se dénude
On lui file un coup de pied
Y a même des musiciens
Qui viennent, mine de rien,
Jouer des airs fantasques
Qui font tomber les masques
Jusqu’au bout du voyage
Ils bercent les naufrages
Il n’est jamais trop tard
Au bar “Le Zanzibar”
Zanzibar, Zanzibar
J’sais même pas où ça se trouve, moi, Zanzibar
Au fond, je m’en fous comme du tiers et du quart
Mais noir pour noir, c’est plus facile de l’être à Zanzibar